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Comment Boeing veut se démarquer de SpaceX avec sa future constellation de satellites

Le poids lourd de l’aéronautique veut lui aussi fournir un service d’accès à Internet depuis l’espace. Bien qu’il arrive sur un marché déjà très compétitif, il possède quelques atouts dans sa manche.

Il aura fallu quatre ans et demi à la Commission fédérale des communications (FCC) américaine pour statuer sur le projet de constellation de satellites de Boeing. La demande déposée en mars 2017 a été approuvée ce mois-ci.

Le constructeur aéronautique américain vient donc d’obtenir une licence pour construire, déployer et opérer une constellation de 147 satellites. Elle lui servira à fournir un accès à Internet haut débit aussi bien au grand public qu’à des entreprises, institutions et gouvernements. Boeing proposera d’abord ses services aux Etats-Unis, à Porto Rico et dans les Iles Vierges, puis dans le reste du monde.

Entre orbite basse et géostationnaire

La particularité de cette constellation sera de mélanger orbites basses très inclinées et géostationnaires avec 132 satellites à 1 056 kilomètres d’altitude et 15 autres entre 27 355 et 44 221 km au-dessus de la Terre. Ceux en orbite basse fourniront une latence réduite, et les géostationnaires une meilleure couverture.

Ce ne sera pas une constellation démesurée au regard des autres projets concurrents. Pour rappel, SpaceX a déjà déployé 1 700 satellites sur 12 000 prévus, OneWeb en a lancé 358 pour un objectif de 2 000, et Blue Origin (propriété de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon) prévoit d’en lancer 3 236 pour sa constellation Kuiper.

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Des fréquences avec beaucoup de capacité

Boeing est autorisé à émettre dans certains canaux de la bande V, plus haute que la bande Ka utilisée d’ordinaire par les opérateurs satellites. Ce qui promet d’établir des liaisons plus rapides.

« Elle présente l’avantage d’être très peu utilisée et donc disponible. Sa capacité est d’environ 2×5 GHz contre 2×2,5 GHz de la bande Ka », nous  explique un porte-parole de l’ANFR.
« En revanche, les pertes de propagation sont plus élevées qu’en bande Ka (ce sont les pertes additionnelles liées à la pluie qui sont les plus significatives à ces fréquences) et la disponibilité des liaisons est donc dégradée ».

Cette bande V est aujourd’hui surtout envisagée pour les liaisons avec les stations au sol des constellations plutôt que pour les liaisons directes vers les terminaux. SpaceX et OneWeb comptent eux aussi exploiter cette bande de fréquence.

« Alors que la demande de communications par satellite augmente, la diversité sera nécessaire entre les régimes orbitaux et les fréquences pour satisfaire les demandes des clients, et nous considérons que la bande V contribue à fournir une partie de cette diversité », a fait valoir Boeing auprès du site spacenews.com.

L’industriel souhaitait compléter son portefeuille avec des canaux sur la bande Ka, mais la FCC a refusé.

La manoeuvre de SpaceX

SpaceX a joué la montre vis-à-vis de Boeing. Il avait déposé une requête auprès de la FCC en assurant que ce dernier allait provoquer des interférences avec sa propre constellation Starlink. Voilà qui ne manque pas d’ironie puisque Blue Origin avait engagé les mêmes démarches il y a peu pour contrer SpaceX, et que ce dernier s’en était plaint. Il s’agit d’une manœuvre courante dans ce secteur pour retarder les projets des concurrents.

Mais la FCC a estimé finalement que les craintes de SpaceX n’étaient pas justifiées. Elle a approuvé la majorité des demandes de Boeing parce qu’elles « servent l’intérêt public », d’après les documents consultables sur le site officiel de la FCC. L’enjeu reste en effet de connecter les trois milliards de personnes qui restent encore aujourd’hui exclues d’Internet sur notre planète.

Le compte à rebours est lancé puisque Boeing sera contraint de lancer la moitié de ses satellites d’ici au 2 novembre 2027, et la totalité d’ici 2030, alors qu’il espérait obtenir un délai plus long.

Sources : FCC, Ars Technica

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Amélie CHARNAY